Le cliché
Ce matin il neige. Enfin dirais-je ! Mais là n'est pas le propos...
En regardant tomber les flocons j'ai pensé en terme de clichés : "manteau blanc, flocons comme les plumes d'oies etc." autant de clichés qu'affectionnent enfants, journalistes et écrivaillons...
J'en suis un de ces "écrivains du dimanche" et comme je participe ou anime depuis des années divers ateliers d'écriture j'ai remarqué qu'il faut souvent, en la matière, revenir à la notion de "cliché". Le clichéétant une image facile que l'on va utiliser pour expliquer sa pensée, son regard... Nous en usons tous, plus ou moins, et moins on en utilise plus on est écrivain !
Regarder un arbre comme si on en n'avait jamais vu et comme si cet arbre était unique, voilà, en teneur ce que disait Maupassant quand il enseignait le style (cf : Préface de "Pierre et Jean"), donc : pas de "grand manteau blanc sur la campagne", trouvons autre chose !
Lorsqu'on écrit, il ne faut jamais se détacher de cette notion de cliché. Dès qu'on formule une phrase on doit s'interroger sur la dimension unique de l'expression qu'on emploie et, comme "la nature est bien faite" (encore un cliché) cette recherche portera en elle-même notre plume vers des "sommets d'allégresse...."
Pour illustrer au mieux mon propos, voilà un exercice auquel notre groupe d'écriture s'était livré il y a quelques années :
Proposition : Ecrire un texte en employant un maximum de clichés et en y intégrant la phrase : « Assis sous l’arbre le chat attend patiemment que les événements se précipitent. »
Les amoureux transis se serrent quasi religieusement devant l’âtre rougeoyante. Le feu, prince des ténèbres, caresse douillettement leurs visages abandonnés au bonheur.
Petit à petit, ange déchu, la flamme retourne à la braise et la braise à la cendre…Eternelle destinée. Mais leur amour aveugle est plus fort que la mort.
Alors, toujours main dans main, joue contre joue, ivres de bonheur, avant d’aller goûter aux plaisirs de l’alcôve ils sortent une dernière fois respirer à pleins poumons l’air glacé de l’hiver frileux.
Ignorant la morsure du froid ils contemplent en silence l’obscurité de la nuit. Le silence semble complice de leurs seuls cœurs qui éperdument battent la chamade.
La neige s’est mise à tomber et laisse présager d’un beau matin lumineux et plein de joie sur le manteau immaculé de la campagne grelottante et pétrifiée.
Ne trouvant toujours rien à se dire, nos deux tourtereaux se contentent d’admirer les flocons légers qui, semblables aux plumes de milliers d’oies blanches, virevoltent dans l’air frisquet.
Le temps semble immobile et figé.
Seuls deux yeux, tel un regard spectral venu d’un au-delà fantomatique, rayonnent dans la nuit blafarde : assis sous l’arbre, le chat, attend patiemment que les événements se précipitent.
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Des clichés, on en trouve là deux et trois par phrases. Si vous avez aimé mon texte, il faut absolument revoir votre style.