Fado

Publié le par Serge Prioul

 

 

Je demande à mes plus anciens amis de m'excuser de remettre en ligne cet article. Je ne le retrouvais pas et je voulais le faire lire à ma nouvelle amie Hécate qui, comme moi, est une amoureuse, une inconditionnelle du Fado. Et puis un peu de poésie pour adoucir cette horreur qui va s'abattre sur la planète...et surtout, là-bas où le soleil se lève... 

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D’abord, il y a Lisbonne, la capitale qui ne se visite pas, non ! Qui se respire, qui se ressent, comme le poème, comme la jolie femme ! Lisbonne, ses bars, ses restaurants où, au 19ème siècle est né le Fado, ce chant étonnant, langoureux ou rapide, nostalgique et malgré tout joyeux, de ses joies indéfinissablement mélancoliques. « Fado Portugal »   longue plainte, de « saudade* »  submergée mais aussi mélange de volupté, de parfums et de pudeur. « Fado Portugal » cri vivant de poésie et d’un Brésil vénéré mais perdu  par des colons une nouvelle fois déracinés !
Ainsi donc, aux accents du Cap Vert ou d’Amérique, le Fado  rythme encore les soirées lisboètes et invite à l’harmonie universelle de la langue et de la mélodie !

Et puis, il y a Coïmbra, la ville ocre, ancienne, la ville universitaire sur les hauteurs du Rio Mondego. Coïmbra, l’autre temple du Fado où se perpétue sa tradition.
Le soir, en capes noires et amples, comme des prêtres antiques, les étudiants descendent de l’université pour jouer de la guitare portugaise et chanter devant la porte séculaire de l’Al Médina.
On les aime, comme on aime le Portugal !
On les quitte seulement pour rejoindre les bars à Fado des ruelles sombres pour amoureux et initiés.
Et on pleure, on pleure encore, parce qu’il le faut, parce que la voix vous trouble et vous envoûte… vous défait de vous-même !


Oui ! Le Fado est noir, et lumineux comme sont larmes et comme est l’Homme !

Ensuite, c’est un soir encore, mais de décembre celui-là, à St Brieuc avec Mariza, la Portugaise du Mozambique et de Lisbonne, la jeune chanteuse aux grands yeux africains et au casque d’or. C’est une nuit de tempête et de pluie sur la Bretagne. Une de plus, qu’importe ! Nous sommes dans le temple, et la vestale fait pleurer les Dieux : Mariza, belle, exquise, fascinante, frôlant nos cœurs comme les soleils des soirs sur le Tage.

Et puis encore, toujours, le Fado ! Cette fois-là, c’est plus loin et c’est tout près ! C’est Katia, Katia Guerreiro, la petite chanteuse aux mains nouées dans le dos pour mieux nous ouvrir son cœur. Guerreiro, un nom déjà comme  un poème de Fernando  Pessoa qui nous parle de la terre, des mains et des pierres du Tras os Montes, ce pays oublié « de l’autre côté des montagnes ». Pessoa que Katia chantait ce soir d’été 2004 dans notre château  de granit et d’éternité, lui aussi !
Katia, je n’avais rien oublié de ta voix d’or qui m’avait fait pleurer de la première à la dernière syllabe !
Tu nous es revenue, ce 11 mars dernier, merci Juliette Drouet* toi qui chantais le grand poète, toi qui aussi, pleurais l’absence…


Obrigado Fado !
Obrigado*’ Portugal  !


                                       


*Saudade :     Magnifique mot portugais qui signifie (à peu près) mélancolie       
        et qui revient souvent dans les chansons poèmes

 

* Juliette Drouet : Maîtresse de Victor Hugo dont notre centre culturel de Fougères porte le nom.

*’Obrigado :    Merci, en Portugais

 

 

Publié dans Portugal

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Commenter cet article
J
<br /> Eh oui Le Fado fait partie du Patrimoine Immateriel de l'Humanité - UNESCO depuis le 27 novembre, le même jour la France voyait sa tradition équestre rentrer à l UNESCO... aucun rapport vous me<br /> direz mais bon.<br />
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S
<br /> <br /> Cette prise de conscience des valeurs du patrimoine immatériel est une avançée. Il reste à convaincre les pouvoirs politiques et civils locaux car beaucoup de choses<br /> disparaissent irrémédiablement : les petites histoires de pays, sociales, campagnardes, les savoir-faire, les patrimoines artisanaux et industriels et mille choses encore...<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Oui le Fado, ca s'ecoute les yeux fermés. Le Fado qui viens d'etre inscrit par l'Unesco au Patrimoine culturel immateriel de l'Humanité le 27/11/2011. Merci Serge<br />
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S
<br /> <br /> S'il est un chant qui se ressent, c'est bien le Fado. Pour ma part, il me transporte. J'insisterai sur ce que j'en connais : le Fado populaire n'est pas si triste<br /> que certains le croient (dans ces commentaires en particulier). Ainsi Mariza a-t-elle adapté dans son répertoire nombre de chansons populaires très dansantes et enjouées.<br /> <br /> <br /> J'ignorais, Jo, que le Fado fût inscrit au Patrimoine de l'UNESCO. Voilà une bonne chose.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Il s'agit de Katia Guerreiro avec un I. Sinon pour ceux qui ne comprennent pas le portugais : http://jeancharles.rosa.over-blog.com/<br />
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S
<br /> <br /> Autant pour moi, Jean-Charles, j'écris aussi mal que je lis. Je rectifie sur le champ.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Tout  simplement; un magnifique texte!Bonne journée<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci Fethi. Tu me fais très plaisir. J'écris avec le coeur... alors après, peut-être, c'est plus facile...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Pour le baiser, tu as pu faire la comparaison?<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Cette hisoire de baiser... je ne comprends pas, Marc. Désolé.<br /> <br /> <br /> <br />