La fin et le début
A Kloë de Giroflée
C’est un trou dans l’enfance. Comme une crique solitaire où laisser s’envaser l’épave de la douleur ! Ma douleur. Une bulle fragile aussi où je ne veux plus pénétrer.
Sortir de l’enfance, c’est aussi ne pas vouloir retourner dans le désert de cette dimension-là. Echapper à son pouvoir.
J’ai fui cette boule hypnotique qui pourtant s’accrochait à ma conscience tout aussi sûrement que sèche l’encre sur la plume endormie.
Il faut dicter sa fin à l’enfance et au drame qu’elle véhicule. On ne construit pas une vie en laissant battre, grande ouverte la fenêtre de la mansarde, d’autant que celle-ci donnait droit sur les vergers abandonnés. J’ai sauté par la lucarne, certes ! Mais en prenant bien soin de refermer derrière moi. D’enfermer l’interdit de vie.
Et si la plaie est sensible encore telle la brûlure tiède d’une flagellation, j’ai la terre entière pour chercher et cueillir les grappes du plaisir.
J’ai perdu l’enfance. Enfin ! Et j’ai gagné la vie à perte de tête.
(Texte déjà publié en juin 2010 - que mes abonnés me pardonnent - mais qui, immanquablement, me revient en mémoire ce matin après la lecture de l'article terrible de Kloë)