Sonnets d'amour XXV - Jean de Sponde

Publié le par Serge Prioul

 

Contemplez hardiment tous ceux qui font coutume

De se sacrifier à l'autel des beautés,

Vous verrez que le vent de leurs légèretés

Leur éteint le brasier aussitôt qu'il l'allume.

 

Mais moi, qui si longtemps à vos yeux me consume,

Je ne consume point pourtant mes fermetés,

Et d’autant plus avant au feu que vous mettez,

Plus l’or de mon amour à durer s’accoutume.

 

Pour vous, belle, le tout de ce Tout ne m’est rien,

Mes biens sont pauvretés au regard de ce Bien,

Et vous servir tant plus que mille et mille empires.

 

S’en trouve qui voudra vivement offensé,

Pour moi j’aimerais mieux mourir en vos martyres,

Que vivre au plus grand heur qui puisse être pensé.

 

Jean de Sponde (1557-1595) 

Editions La Différence - présenté par James Sacré

 


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C
<br /> Merci de cette découverte et de ce fort beau texte.<br />
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S
<br /> <br /> Il y a fort beauté dans ces textes anciens. Un poète assez méconnu, finalement.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Sous de dehors fort académiques, voilà un sonnet plus polisson qu'il n'y paraît. Ces fermetés qui ne se consument pas évoquent des passions bien charnelles. Félicitations à cette dame<br /> chanceuse.<br />
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S
<br /> <br /> Il y a de cela, sûrement !<br /> <br /> <br /> <br />