De notes faire un poème 2
Le mois dernier je publiai déjà un article similaire. J'y expliquais comment, des notes prises lors de nos réunions devenues si communes dans une société où l'engagement associatif, quoique toujours dévolu aux mêmes volontaires, est si courant et si régulier, comment de ces notes griffonnées et rarement relues, on pouvait faire un poème - ou quelque écrit qui y ressemble;
En fouillant aujourd'hui dans mes archives, je retrouve cet ancien texte illustrant à nouveau mon propos. En le relisant, je me dis, qu'à cette époque, je prenais plus le temps, tout en restant dans la simplicité, de travailler ma palette :
Le journal.
Le jour puis le jour
Et surtout rester soi-même.
Sans doute le plus difficile :
Rester simple !
La simplicité pour, sans doute,
Mieux prendre conscience
De ce qui nous gène.
« J'écrirai quand… j'aurai une belle histoire »
C'est des histoires tout ça,
De l'utopie,
Du pipeau que tu te joues.
Il faut aller au devant,
Ci-Devant !
Arme ta plume
Note:
Sentiment, chose, un simple regret,
Feront bien l'affaire
De ta plus belle page.
Devenir écrivain ?
Mais Ci-Devant, ne l'es-tu point ?
Faudra-t-il qu'on te le dise ?
Ne le sens-tu, au plus profond ?
N'écris-tu pas avec ce que tu es
Et rien de ce que tu n'es ?
(Alors, à ce moment, j'ai eu peur
A l'atelier :
Comme un oiseau d'un autre âge
Une énorme main s'abattait
Sur le maigre volume de Paul de Roux.
Poète ! Poète !
Christophe et toi et la simplicité
D'un cœur plus gros que la main
Pour bien fermer la parenthèse )
Ecriture ! Ô toi !
Deviendras-tu le manque ?
Deviendras-tu bouée de sortie ?
Porte de survie ?
Quelque chose qui ressemble à la lumière ?
Michelle ! — car elle était là
C'était heureux ! — Michelle
Nous parle de son journal ;
Un peu bizarre — le journal —
Avec des idées blanches
Bien rangées, au départ
Et dans le sens de marche d’idées normales
Sur un cahier normal
Puis
Les idées noires,
Tout à la fin, à contre sens
De la marche normale — du cahier.
Des idées qui longent les murs
Se cachent derrière les portes.
Michelle,
Son journal.
Avec des notes comme ça, croyez moi,
L’émotion de l’écriture est bien là.
— reste à la dire … —
Ce doit être cela les repères
Les repères qui donnent le vertige
Mais qui font l’harmonie de l’ensemble.
Rien sans travail !
Fainéant, je n’ai pas travaillé
Mais j’ai l’impression d’avoir beaucoup.
Quelque chose à l’état brut
Comme des pépites
Dans la solitude de mon cours d’eau.
« Piocher ! Piocher ! » dit Philippe
— bien aussi le Philippe, bien à lui ! —
Piocher pour la création
Toujours du travail
Pour ne pas se décourager ;
Rien que cela pour aider à vivre.
Les gammes qui feront le pianiste.
Viendra le temps d’élaguer,
Avec le regard lucide de l’étranger ;
La brièveté des mots,
Ceux-là que seule la vie impose.
Juger son texte. Essayer !
Comprendre un peu
Passer derrière ses propres mots.
Le plus dur pour la fin,
Le plus important peut-être.
Ce frisson : « tout ce qui arrive était écrit ! »
Et tu t’en satisfais !
— un plus grand abrupt encore ! —
La vie comme dés gommés,
Jamais rien de jeté, rien au hasard ;
Même pas les confitures qui brûlent.
Non mais !
Ça ne me fait pas rire, pas du tout
Ton truc, petite dame !
Comme je veux finir en rime
Poussons la plaisanretime
Jusqu’à la rigolame,
Ton truc, c’est la mort,
Et la mort par l’Ecriture !
Ah vive la confiture, à point !
Notes passablement tirées
De l’atelier d'écriture du 19 novembre 1997
Evidemment, il aurait fallu être là pour comprendre toutes mes allusions mais n'est-ce pas aussi le propre du poème de ne faire qu'évoquer et de laisser libre l'imagination allant au bras de l'émotion ?