Poésie et poèmes...
"Je ne peux plus supporter de lire des poèmes. la plupart des poètes ne font que prendre des poses, exhiber leur talent, jouer avec des mots faux et grandiloquents, user d'images non nécessaires, donner dans un lyrisme facile, se complaire en des attitudes littéraires conventionnelles. La seule poèsie que j'aime est une poèsie directe, dépouillée, au verbe pauvre. Car je tiens que les mots les plus simples, les plus courants, lorsqu'ils ont reposé un long temps dans le silence de l'être et se sont gonflés des sédiments amassés, remontent du tréfonds régénérés, chargés d'émotion et armés d'une vigueur neuve."
Charles Juliet (mai 1964)
Voilà qui me plait bien. La plupart du temps, lorsque je lis de la poésie contemporaine, je ressens la même chose ; c'est pourquoi je rapporte ce paragraphe du Journal de Juliet. Mais je ne confondrai pas tous les poètes (la remarque est valable pour tous les arts ; en particulier, les arts plastiques d'aujourd'hui, malgrè tout je ne voudrais pas dénigrer l'art conceptuel ou d'avant garde où il y a du très bon. Mais c'est un autre débat.) non, certains parlent simplement, sans fioritures, sans jongler avec le verbe comme si la poèsie était un cirque ! Il y a bien trop à faire avec l'émotion quand il s'agit de la cerner, d'en capturer l'essence... les barrières efficaces sont évidemment les plus simples.
Et pour me faire plaisir encore, et parce, ces jours, j'évoquais le Portugal, ces mots de Marcel Migozzi, simples comme
"Un rien de terre" (édition L'Amourier 2000)
Si la rue vieille a besoin de bois, personne
Ne l'en prive. Ni ses balcons
Au service de la lumière, ses greniers
Ni ses portes dressées entre des pierres
Que le torrent a perdues de vue. Personne
Surtout pas ce soir les vieux
Superstitieux, assis, les os
Dans l'angle de la foudre.
Marcel Migozzi
(Je pars pour le Nord du Portugal dans une semaine. Ce ne sera pas les vacances à la Baule, juste un passage devant le poème de "ses portes dressées entre des pierres".)