Poésie et poèmes...

Publié le par Serge Prioul

"Je ne peux plus supporter de lire des poèmes. la plupart des poètes ne font que prendre des poses, exhiber leur talent, jouer avec des mots faux et grandiloquents, user d'images non nécessaires, donner dans un lyrisme facile, se complaire en des attitudes littéraires conventionnelles.  La seule poèsie que j'aime est une poèsie directe, dépouillée, au verbe pauvre. Car je tiens que les mots les plus simples, les plus courants, lorsqu'ils ont reposé un long temps dans le silence de l'être et se sont gonflés des sédiments amassés, remontent du tréfonds régénérés, chargés d'émotion et armés d'une vigueur neuve."


Charles Juliet  (mai 1964)



Voilà qui me plait bien. La plupart du temps, lorsque je lis de la poésie contemporaine, je ressens la même chose ; c'est pourquoi je rapporte ce paragraphe du Journal de Juliet. Mais je ne confondrai pas tous les poètes (la remarque est valable pour tous les arts ; en particulier, les arts plastiques d'aujourd'hui, malgrè tout je ne voudrais pas dénigrer l'art conceptuel ou d'avant garde où il y a du très bon. Mais c'est un autre débat.) non, certains parlent simplement, sans fioritures, sans jongler avec le verbe comme si la poèsie était un cirque ! Il y a bien trop à faire avec l'émotion quand il s'agit de la cerner, d'en capturer l'essence... les barrières efficaces sont évidemment les plus simples.


Et pour me faire plaisir encore, et parce, ces jours, j'évoquais le Portugal, ces mots de Marcel Migozzi, simples comme

 

"Un rien de terre" (édition L'Amourier 2000)


Si la rue vieille a besoin de bois, personne

Ne l'en prive. Ni ses balcons

Au service de la lumière, ses greniers

Ni ses portes dressées entre des pierres

Que le torrent a perdues de vue. Personne

Surtout pas ce soir les vieux

Superstitieux, assis, les os

Dans l'angle de la foudre. 



Marcel Migozzi

 

 

(Je pars pour le Nord du Portugal dans une semaine. Ce ne sera pas les vacances à la Baule, juste un passage devant le poème de "ses portes dressées entre des pierres".)

 


 

 


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M
<br /> <br /> Bonne vacances à toi, Serge...tu trouveras peut-être le soleil là où tu vas !<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> J'en suis persuadé. Le mauvais temps est centré sur la France. Au Portugal, c'est hélas plutôt les habituels feux de forêt.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Bon, alors comme commentaire : Bonne citation de Juliet, très beau poème de Migozzi, excellentes vacances au Portugal (soyez prudents sur la route à cause des chevreuils et des hérissons !)<br /> J'ajoute que, même si je suis d'accord avec toi, tout le monde n'a pas la même sensibilité face à un poème. Certais préfèrent les fioritures, et c'est leur droit. Comme en musique où l'on peut<br /> suivant son ressenti individuel aimer le classique, le baroque, la musique sacrée, ou le punk, le rock, la techno, la variété etc... Et même la musique militaire...ou les bandas, qui moi me font<br /> penser à la corrida. Par exemple, même si je trouve ses textes assez bons, je n'aime pas du tout entendre chanter Trenet ... Alors que beaucoup l'adorent. Comme tu le dis,<br /> idem en art plastique. Moi, les compressions de César ne me touchent pas. Et je me crois capable de l'égaler en compressant ma vieille bagnole, ou mon homme quand il m'énerve. Grod bisous et<br /> re-bon Portugal !<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Tu as sans doute raison et chacun trouvera son plaisir à son niveau. N'empêche, qu'en poèsie comme en peinture, il y a très peu de Vinci et beaucoup d'aquarellistes.<br /> Mais rien n'empêche de préfèrer l'aquarelle ou Brassens à Beetoven. Il faut tout de même reconnaître que le niveau n'est pas le même entre un Gainsbourg ou un Rimbaud. Et moi, je préfère Rimbaud<br /> et Brassens. Car je n'entends rien à la musique classique ! Pour ce qui est d'aimer Gainsboug, c'est autre chose : Gainsbarre m'a fait détester Gainsbourg.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> Accordant toujours plus d'importance au fond qu'à la forme, je suis définitivement mauvaise lectrice de poésie. Alors, confiance aux initiés qui s'y trouvent à l'aise.<br /> <br /> <br /> Bonnes vacances au Portugal, ce pays de chansons tristes.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Ces chants tristes, tout comme la poèsie, me comblent le coeur.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Beau texte sur la poésie que je partage complètement. Beaucoup trop de "poète" se prennent pour le nombril littéraire du monde. Un peu de simplicité en la matière fait énomément de bien.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Bonjour Jean François. Heureux de te lire puisque je n'ai plus guère le plaisir de te rencontrer. Bel été à toi. A vous deux.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> écrire de la poésie est aussi souvent une bataille avec soi-même, reconnaître ce qui veut être dit, ce qui gît au fond de soi, ce qui émerge, ce qui fait barrière...) et un corps à corps avec le<br /> langage, même quand on a l'impession que ça sort tout seul<br /> <br /> <br /> j'accepte donc les errances en terrain bourbeux, ne sachant toujours distinguer la pose de la maladresse, chez les autres comme chez moi<br /> <br /> <br /> j'aime ou n'aime pas, provisoirement bien sûr, car un texte peut parler à un moment et se taire à d'autres, et je laisse tomber ce qui ne me va pas<br /> <br /> <br /> je me demande encore, sans savoir répondre à la question, s'il faut parfois se forcer pour atteindre le bonheur de lecture (ou autre) ou pas...<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Une aventure en soi. Des mots pour transmettre une émotion... Comme tu démêles ceux qui parlent de ton continent d'ocre.<br /> <br /> <br /> <br />