Quelque part, la douleur
C'est pour toi que j'écris ce soir mon amie.
Mon amie de vingt ans, ma fille, c'est pour toi.
Je ne t'avais rien dit de mes frissons de novembre, de cette gorge serrée du gros gars que je suis, de cet affolement jusqu'aux larmes qui m'esquissait - mais le mot me paraît si faible! - quelque part en toi, autour de toi une chose sombre, sournoise, puissante et glacée. Ces soirs-là de novembre, je ne savais rien de toi ma jeune et nouvelle amie, rien que le soupçon de cette menace, de cette crinière dans l'ombre.
D'avance je te savais désarmée et je n'avais alors que mon épouvante pour prière.
Les mots sont toujours un peu de douleur en moins. Les moindres mots.
Je ne sais pas prier alors j'écris pour toi comme on prie, ma jeune amie.
J'écris pour alléger ton drame, pour ôter une aiguille, sans doute la moins terrible, de ta peine !
J'écris pour toi, Aurèlie.
5 Février 2002