Quelque part, la douleur

Publié le par Serge Prioul



C'est pour toi que j'écris ce soir mon amie.
Mon amie de vingt ans, ma fille, c'est pour toi.

Je ne t'avais rien dit de  mes frissons de novembre, de cette gorge serrée du gros gars que je suis, de cet affolement jusqu'aux larmes qui m'esquissait - mais le mot me paraît si faible! -  quelque part en toi, autour de toi une chose sombre, sournoise, puissante et glacée. Ces soirs-là de  novembre, je ne savais rien de toi ma jeune et nouvelle amie, rien que le soupçon de cette menace, de cette crinière dans l'ombre.

D'avance je te savais désarmée et je n'avais alors que mon épouvante pour prière.

Les mots sont toujours un peu de douleur en moins. Les moindres mots.
Je ne sais pas prier alors j'écris pour toi comme on prie, ma jeune amie.
J'écris pour alléger ton drame, pour ôter une  aiguille, sans doute la moins terrible, de ta peine !

J'écris pour toi, Aurèlie.

    5 Février 2002

 

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B
<br /> <br /> très touchée par cette lettre, je ne sais dire plus ni mieux<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Il n'y a rien de plus à dire. Quand on aime quelque chose ou quelqu'un, il faut le dire. Et le dire simplement. C'est d'ailleurs un très grand avantage que cette franchise sans retenue, sans<br /> rougir... elle permet - mais sans calcul, évidemment - de le dire quand, à l'inverse, on n'aime pas et alors d'interpeller bien d'avantage. La franchise, dans tous ses sens, est une arme<br /> remarquable.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> La douleur si personnelle, si difficile à partager ...<br /> <br /> <br /> "Je ne sais pas quoi dire", c'est la marque de notre impuissance mais il faut dire, malgré tout, car ces mots inutiles font du bien. C'est la force de la tendresse.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> La tendresse, oui... pour soulager la peine. La douleur qu'on soupçonne dans l'autre, qu'une impression en nous éveille, qui émane de l'autre dans un ton de voix, un<br /> regard, une colère, un mot trop doux ou extrême...<br /> <br /> <br /> Oui, la tendresse.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Très beaux mots, émouvants, prenants et sincères. Belle compréhension de la douleur. Grosses bises.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Grâce à ton commentaire je retrouve mon article que j'avais perdu ce matin. Il s'agissait d'un texte déjà paru également que je ressortais mais que j'ai, à nouveau,<br /> anti-daté par mégarde. C'est rectifié, ne t'étonne donc pas d'avoir à nouveau un mail de parution. Merci pour ton commentaire : parfois, même souvent, la douleur de l'autre se ressent quelle<br /> qu'en soit l'expression ou l'effusion.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Il y a beaucoup d'émotion dans ces mots. Les mots guérissent l'âme. J'espère sincèrement que les tiens ont trouvé un écho favorable.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Oui, Loïc, c'était un ressenti très particulier. La douleur de l'autre me prenait, m'enlevait... alors que je ne savais rien de l'autre, cette jeune femme appelée Aurélie dont la mère était sur<br /> son lit de mort. La souffrance se transmet, sans parole, sans rien...comme cela, comme un rayon cosmique, comme une vibration de pierre.<br /> <br /> <br /> Serge<br /> <br /> <br /> <br />