Voltaire 1
"... M. de la Motte a bien de l'esprit : il est comme cet athlète grec qui, quand il était terrassé, prouvait qu'il avait le dessus.
Je ne suis de son avis sur rien ; mais vous m'avez appris à faire une guerre d'honnête homme. J'écris avec tant de civilité contre lui, que je l'ai demandé lui-même pour examinateur de cette préface, où je tâche de lui prouver son tort à chaque ligne : et il a lui-même approuvé ma petite dissertation polèmique. Voilà comme les gens de lettres devraient se combattre ; voilà comme ils useraient, s'ils avaient été à votre école ; mais ils sont d'ordinaires plus mordants que des avocats, et plus emportés que des jansénistes. Les lettres humaines sont devenues inhumaines ; on injurie, on cabale : on calomnie, on fait des couplets. Il est plaisant qu'il soit permis de dire aux gens par écrit ce qu'on n'oserait pas leur dire en face ! Vous m'avez compris, mon cher père, à fuir ces bassesses, et à savoir vivre comme à savoir écrire."
Lettre de Voltaire au Père Porée* - 7 janvier 1730
* Jésuite, professeur au collège Louis-le-Grand, maître chéri de Voltaire.
"...et à savoir vivre comme à savoir écrire." Je partage l'avis du grand Voltaire. Mais comme je suis loin de ces valeurs ! Comme l'écriture s'en est elle même éloignée ! Comme les valeurs du Siècle des Lumières sont retournées à grands pas dans l'obscurité et dans l'obscurantisme ! - il semblerait d'ailleurs que certains mènent là un combat de chaque jour...